L’homme avait les cheveux blancs, le teint hâlé,
une barbe de quelques jours et un léger strabisme. Il portait des
lunettes : une paire sur le nez, une paire pendant au cou et, sur la table
sale du café, des lunettes de soleil coincées dans un livre ouvert – de la poésie.
Il semblait désireux de converser avec quelqu’un,
l’un des clients en terrasse, ou peut-être une jeune fille passant jupon volant
sur le trottoir. Quelque chose de la joie de l’été descendait sur son visage,
l’animait d’un sourire et restait un moment, entre la fossette du menton, les
pommettes hautes et l’angle de la mâchoire. Ca traînait, ça repartait, ça
revenait.
Autour, une confusion futile de marmots braillant,
de poussettes, de glaces et de couples en shorts et tongs. Un peu de la poussière
du Jardin des Plantes, tout près, s’échappait du parc pour coller aux orteils.
Je ne pus que sourire. A son sourire je ne sus que
sourire. A quoi bon la méfiance et l’aigreur parisiennes sous le doux soleil de
juin ? Chaleur estivale, naissante encore, en bourgeon : c’est une
invitation aux mots.
Mots oraux.
Dialogue.