Pétage de plomb?
Oui, pourquoi pas, ma foi, ça peut se comprendre. C'est on ne peut plus justifié, ou justifiable. Car l'origine même de tout emmerdement, cette énergie haineuse qui déborde, ce "je-n'en-peux-plus", ça nous tord le ventre et nous remue tout l'intérieur - pauvre petite chose, incapable de trouver la sortie.
Alors le pétage de plomb, vous comprenez... : la seule solution pour que ça parte! Il faut que les coutures craquent, qu'on opère à vif, avec une entaille bien nette et sans bavure. Il faut cisailler joyeusement, faire gicler les pensées stagnantes, les obsessions qui sentent le renfermé. L'exhibitionnisme nous sauvera! Il faut tout montrer, tout faire sortir. C'est au dehors que doivent rebondir les tracas qui nous minent. Là il y a plus de place pour jouer, pour renvoyer la balle; au lieu que coincées dans nos têtes lourdes (lourdes...) les chimères sont à l'étroit. Elles se cognent un peu partout, incapable de se dépêtrer l'une de l'autre; ça forme un grand tas de merde (bullshit?) qui nous encombre. Un truc horrible, impossible à déloger de là. Quelque chose à la fois informe, inidentifiable, inavouable (inimaginable)... et pourtant impossible à ignorer. Pas moyen de contourner l'entassement de nos problèmes. On se réfugie dans les parties de notre conscience encore saines et épargnées. Mais le niveau monte...
Alors oui, moi j'approuve. Le pétage de câble. La crise de larmes. La Désillusion, en personne. Le "hurlement primaire". Retrouver l'extrême, l'inapproprié, le politiquement incorrect. Se nourrir du démon de la perversité? Comme quoi nous sommes toutes sur la même longueur d'onde.
Docteur, peut-on opérer?
Salle de réveil. Pour l'instant, j'expérimente la sortie d'anesthésie. Je crains le moment où les choses me redeviendront trop claires pour que je puisse croire aux hallucinations. Dans le flou, tout se perd, tout se retrouve. Il y a toujours moyen de s'appuyer sur un fantôme. Mais assurément les gentils messieurs en blouse ne vont pas tarder. Ils m'emmèneront dans la salle carrée - à moins que ce ne soit rectangle, avec quatre côtés, et quelques-uns en plus. Et là ce sera horrible.
Plus rien à l'intérieur, ça a craqué, tout a fui.
Oui mais dehors? La certitude du vide et de l'indifférence? La belle machinerie huilée du recommencement des jours : la duplication des banalités, à l'échelle éternelle du temps. La routine, quoi.
Et bah... Vautrons-nous dans le Néant!
Jetons-nous à l'eau! Noyons notre mal de crâne! Buvons la tasse... comme du poison dans l'eau!
Oui, pourquoi pas, ma foi, ça peut se comprendre. C'est on ne peut plus justifié, ou justifiable. Car l'origine même de tout emmerdement, cette énergie haineuse qui déborde, ce "je-n'en-peux-plus", ça nous tord le ventre et nous remue tout l'intérieur - pauvre petite chose, incapable de trouver la sortie.
Alors le pétage de plomb, vous comprenez... : la seule solution pour que ça parte! Il faut que les coutures craquent, qu'on opère à vif, avec une entaille bien nette et sans bavure. Il faut cisailler joyeusement, faire gicler les pensées stagnantes, les obsessions qui sentent le renfermé. L'exhibitionnisme nous sauvera! Il faut tout montrer, tout faire sortir. C'est au dehors que doivent rebondir les tracas qui nous minent. Là il y a plus de place pour jouer, pour renvoyer la balle; au lieu que coincées dans nos têtes lourdes (lourdes...) les chimères sont à l'étroit. Elles se cognent un peu partout, incapable de se dépêtrer l'une de l'autre; ça forme un grand tas de merde (bullshit?) qui nous encombre. Un truc horrible, impossible à déloger de là. Quelque chose à la fois informe, inidentifiable, inavouable (inimaginable)... et pourtant impossible à ignorer. Pas moyen de contourner l'entassement de nos problèmes. On se réfugie dans les parties de notre conscience encore saines et épargnées. Mais le niveau monte...
Alors oui, moi j'approuve. Le pétage de câble. La crise de larmes. La Désillusion, en personne. Le "hurlement primaire". Retrouver l'extrême, l'inapproprié, le politiquement incorrect. Se nourrir du démon de la perversité? Comme quoi nous sommes toutes sur la même longueur d'onde.
Docteur, peut-on opérer?
Salle de réveil. Pour l'instant, j'expérimente la sortie d'anesthésie. Je crains le moment où les choses me redeviendront trop claires pour que je puisse croire aux hallucinations. Dans le flou, tout se perd, tout se retrouve. Il y a toujours moyen de s'appuyer sur un fantôme. Mais assurément les gentils messieurs en blouse ne vont pas tarder. Ils m'emmèneront dans la salle carrée - à moins que ce ne soit rectangle, avec quatre côtés, et quelques-uns en plus. Et là ce sera horrible.
Plus rien à l'intérieur, ça a craqué, tout a fui.
Oui mais dehors? La certitude du vide et de l'indifférence? La belle machinerie huilée du recommencement des jours : la duplication des banalités, à l'échelle éternelle du temps. La routine, quoi.
Et bah... Vautrons-nous dans le Néant!
Jetons-nous à l'eau! Noyons notre mal de crâne! Buvons la tasse... comme du poison dans l'eau!